Les causes du détour du convoi du 27 avril 1944 par Auschwitz-Birkenau restent mystérieuses.
Avant lui, deux autres convois de « non-Juifs » avaient fait exception à la monstrueuse noria d’extermination raciale de ce camp de la mort : le premier, le 6 juillet 1942, avec 1.170 déportés politiques français le second, le 24 janvier 1943, avec 203 femmes françaises, déportées politiques Après enregistrement et immatriculation, ces deux transports ont été insérés et broyés dans l’engrenage concentrationnaire spécifique de Birkenau.
Les 1.655 Français qui débarquent à Birkenau le 30 avril 1944 connaissent pour leur part un cheminement exceptionnel. Dès le débarquement, la vue des prêtres en soutane qui déboulent des wagons provoque la stupéfaction des gardiens. Après la période de quarantaine et ses angoissantes incertitudes, le convoi repart pour Buchenwald le 12 mai.
Les seules explications données sont les commentaires mensongers de l’haupsturmführer Kramer : « Vous allez partir pour Buchenwald, un bon camp, le meilleur d’Allemagne, vous y serez bien ».
Les causes de ce revirement soudain et du relatif confort du transport suivant (50 détenus par wagon, avec les portes ouvertes pendant le trajet et des gardes peu agressifs) n’ont pas manqué de susciter diverses hypothèses :
- Selon certains, l’envoi à Birkenau aurait simplement été le résultat d’une erreur bureaucratique de l’Office Central SS d’Économie et d’Administration des Camps, rectifiée après deux semaines.
- Selon d’autres, le convoi aurait été destiné à Buchenwald, mais il y aurait été refoulé une première fois et détourné sur Auschwitz. Certains affirment également qu’il s’agissait d’un convoi de représailles (soit pour donner un gage à la Milice française, soit pour venger l’exécution de Pierre Pucheu à Alger), destiné à l’extermination, mais dont le destin aurait été modifié à la suite d’interventions (des familles de membres du convoi auraient intercédé auprès d’Otto Abetz et obtenu son intervention).
Quelle que soit l’hypothèse retenue, aucune preuve n’a été retrouvée, qui pourrait expliquer ce passage par Birkenau. Les tenants des diverses thèses n’ayant pu apporter à ce jour d’élément irréfutable, le mystère reste entier.