Le millier de Tatoués venant de Buchenwald débarque en gare de Flossenbürg le jeudi 25 mai 1944.
La traversée du village, en colonne encadrée par les SS, est rendue encore plus pénible par l’attitude cynique et indifférente de la population civile. Les formalités d’incorporation sont terribles. Un kapo, détenu de droit commun, fou déchaîné, fait régner la terreur dans les douches avec le câble armé dont il se sert pour frapper les crânes et les corps dénudés des détenus. Une fois cette épreuve franchie, les Tatoués sont parqués dans les blocs de quarantaine numéros 20 et 21.
Si Flossenbürg marque la fin du périple du convoi du 27 avril 1944, c’est également à partir de là que les Tatoués sont dispersés dans le labyrinthe de l’univers concentrationnaire nazi. Dès lors, leurs destins se séparent et il est impossible de décrire une histoire collective. Plus de la moitié d’entre eux ne verront pas le jour de leur libération. Ceux qui restent à Flossenbürg sont répartis entre l’usine Messerschmitt (pour les métallos) et la carrière. Le travail en usine présente l’avantage de s’accomplir à l’abri, au contraire de la carrière, qui nécessite d’énormes efforts en extérieur, par tous les temps. Dans les deux cas, nourriture et mauvais traitements sont similaires.
Le 2 juin, un groupe de non-spécialistes est affecté à Flöha, en usine de fabrication de fuselages d’avions. Les conditions de vie auraient pu y être presque acceptables, si ce n’était la présence de kapos sadiques et pervers qui font subir aux déportés des sévices quotidiens.
Le 15 juin, un autre groupe est envoyé à la mine d’Hersbrück, pour y aménager une usine souterraine. Là encore, les kapos laissent libre cours à leur sadisme. Les uns après les autres, les Tatoués de Flossenbürg sont affectés dans divers autres Kommandos : Rabisbonne, Stettin, Janovitz (sur la quarantaine de Tatoués qui y servent, une vingtaine y laisse la vie), Leitmeritz, Zwickau, Altenhammer, Kamenz, Graffenreuth, Neu-Rohlau et Dresden.